Plus de 250 professionnels de santé et aidants familiaux se sont réunis à Romans-sur-Isère à l’occasion de la conférence intitulée « Ma faim de vie ! Ma fin de vie ? » Aborder, anticiper et s’approprier sa fin de vie – organisée par la Mutualité française Rhône-Alpes, la MGEN et le CCAS de la ville de Romans-sur-Isère et animée par Philippe Goubé, conseiller mutualiste à la MGEN.
Cette rencontre avait pour objectif de réfléchir sur la fin de vie et ses contours. Cette thématique souvent perçue comme anxiogène a été ponctuée tout au long de cette journée par des illustrations diverses de Christophe Mirabelle, comédien et metteur en scène, suscitant la réflexion, la provocation, la surprise et l’émotion.
Après un accueil chaleureux de Carole Michelon, adjointe délégué aux seniors de la Ville de Romans-sur-Isère, Alexis Lanoote, chargé de projets en prévention et promotion de la santé à la Mutualité française Rhône-Alpes, et Claudine Nadal, Directrice de la MGEN, la matinée a débuté par la diffusion d’un micro-trottoir relatif aux regards sur la fin de vie et les soins palliatifs, un bon moyen de lancer la tonalité de cette journée.
Intervenants :
Michel Billé, sociologue, président de l’UNIORPA et auteur de nombreux ouvrages (« Lien conjugal et vieillissement » ; « Manifeste pour l’âge et la vie: réenchanter la vieillesse » ; « La chance de vieillir Essai de gérontologie sociale« ) a partagé sa vision de la fin de vie : comment l’aborder, comment la nommer, comment la vivre.
Vous trouverez, ci-dessous, le résumé de ses propos :
« Dans quel monde vivons-nous ? » Qui d’entre nous, scandalisé, choqué, dérangé par tel ou tel avatar de la vie quotidienne et sociale ne s’est posé cette question ? Or si ce monde où nous vivons est parfois difficile à vivre on peut penser qu’il soit aussi difficile d’y terminer sa vie.
Ce qui caractérise la société contemporaine donne forme aux conditions dans lesquelles nous avons à mourir et aux conditions dans lesquelles nous avons à accompagner l’autre mourant. Quelle est donc cette « mise en scène sociale » et moderne de la mort ? Comment la société contemporaine et la culture dont elle se fait le vecteur nous donnent elles à vivre la mort ? Voilà au fond la question qu’il nous faut essayer d’ouvrir.
Or il se pourrait bien que la société nous propose de ne plus vivre la mort, du moins de ne plus avoir à la vivre comme nous « savions le faire. » Dans ces transformations, nos repères ne fonctionnent plus, ne nous permettent plus de nous orienter, nous ne pouvons plus reconnaître et comprendre, parfois au moins, ce que nous avons à vivre. Les scènes sociales et familiales sont multiples, le rapport au temps et le rapport à l’espace sont bouleversés, le virtuel envahit le champ de la réalité. Tous ces éléments qui caractérisent la société contemporaine déterminent un nouveau rapport à la mort et à celui qui va mourir (devenu « le mourant »).
Nouvelles attitudes individuelles et collectives face à la mort. Marquées à la fois par une formidable volonté de maîtrise et une profonde dé-liaison tant vis-à-vis de celui qui meurt que vis-à-vis de celui qui reste. »
Docteur Nicolas Foureur du Centre éthique clinique (CEC) :
Après une brève présentation du CEC qui accompagne les décisions médicales de fin de vie, le Docteur Nicolas Foureur, à l’aide de situations concrètes, a rappelé les critères de la loi sur la fin de fin et son évolution vers la loi Cleys-Leonetti en 2016 en soulignant ses avantages : l’instauration de nouveaux droits en faveur des malades (la sédation profonde et continue jusqu’au décès par ex.) et ses limites (la loi ne parle pas de l’intention, et les directives anticipées deviennent contraignantes pour les médecins).
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Cette rencontre s’est poursuivie par un ciné/débat avec la projection d’un documentaire intitulé « Vivre le temps qu’il nous reste à vivre », réalisé par la Société Française D’accompagnement Palliatif.
A l’issue, un temps d’échanges avec la salle était proposé afin d’aborder cet accompagnement tant d’un point de vue professionnel que personnel. Audrey Romary, psychologue clinicienne était accompagnée par le Docteur Nicolas Foureur, pour répondre aux interrogations du public et enrichir les débats.
La journée s’est clôturée autour de quelques pognes ; environnement propice à la poursuite des échanges entre les participants et les acteurs du territoire.